La Ferme de

Mireille Henry

Regarde la montagne…

Des images qui affleurent tout doucement à la surface, dans une harmonie de teintes ténues, les œuvres de Mireille Henry sont comme les traces d’un monde tout intérieur qu’elle nous dévoile par bribes. Elle travaille sur papier, en appliquant la couleur couche après couche, usant habilement des accidents de coulures, pour créer un univers muet, à la fois puissant et délicat. Si elle préfère les tons gris – qui offrent ici une variation infinie de tonalités différentes –, c’est parce que pour elle les couleurs trop vives prennent le dessus graphiquement, s’imposent de manière trop prépondérante. A l’aide de simples traits, Mireille Henry trace des formes dans lesquelles le spectateur peut reconnaître des objets du quotidien, sans prétention autre que celle de relater des détails anodins, et pourtant si chargés d’émotions. Là réside la force de son travail, dans l’évocation, imperceptible au premier coup d’œil, d’images qui nous renvoient à notre propre vécu, à notre sensibilité. Le lien se crée alors, entre deux mondes, celui de l’artiste que l’on pressent indistinctement et le nôtre qui affleure doucement à la mémoire.

Loin du canevas et de la toile qu’elle considère trop précieux, son travail serait plutôt à rapprocher de l’esquisse, du croquis que l’on épingle à même le mur. La paroi a une importance primordiale pour Mireille Henry, car elle devient pour l’artiste un espace d’installation, où elle va créer un assemblage de peintures et de photographies. Entre le flou du dessin et l’instantané de la photo, une relation intime va naître, faite de correspondances ou de tensions. Ces deux supports de l’image répondent pour l’artiste à un même critère, celui de témoigner de détails du réel souvent insignifiants au premier regard, mais qui sont pourtant les signes tangibles d’une émotion difficile à appréhender autrement.