La Ferme de

Eliane Gervasoni
Jean-Michel Aebischer
Jean-Paul Blais
Michel Ludi

Point – Ligne – Plan

Clin d’œil au célèbre ouvrage que Wassily Kandinsky publie en 1926, Point et ligne sur plan, alors qu’il est professeur au Bauhaus, le titre de cette exposition rassemble quatre artistes qui explorent ces trois formes fondamentales de la création artistique.
Dans les œuvres de Jean-Michel Aebischer, on retrouve la préoccupation de savoir qui, de la couleur posée ou du blanc de la feuille, construit la forme et l’espace. La série des urnes, formées par une succession de lignes courbes parallèles, dévoile des volumes trompeurs, créés par la blancheur intacte du papier en réserve, délimitées par de grands aplats noirs à l’huile. La courbe se fait serpentine dans une autre série où l’artiste interrompt la ligne par un plan carré au crayon, qui vient dématérialiser la forme et l’abstraire de toute profondeur spatiale.
Les tableaux de Jean-Paul Blais sont construits à partir de la matière, le bois, utilisé brut ou peint et poli à l’extrême. A partir de ces éléments aux formes diverses, il compose des bas-reliefs aux dimensions semblables, auxquels il confère, par polissages successifs, une surface unifiée et légèrement bombée, arrondies sur les bords.

Les jointures deviennent alors dessin et le lissage, extrêmement sensuel. Ailleurs, il grave la planche d’entailles verticales, qui deviennent presque une écriture énigmatique ou encore qui miment des sillons, marques du temps et de l’usure.
Eliane Gervasoni part de l’objet industriel, produit en masse mécaniquement, et en transpose la trace sur le papier par la technique du gaufrage. Il en résulte des compositions parfaitement ordonnées et silencieuses, où l’alignement exact de ces formes géométriques répétées et le velouté des gaufrages annihilent la banalité de la pièce industrielle.
La ligne et le plan construisent l’espace des fragiles sculptures de Michel Ludi. Circulaire, la ligne devient symbole de cosmogonie à l’intérieur de laquelle évoluent de minuscules personnages filiformes. Le plan se fait passerelle suspendue dans un espace intemporel ou parfois s’arrondit et s’assemble en une sphère mal consolidée, à l’image du rêve que l’on essaie de retenir ou d’une réalité dont certaines facettes nous échappent indéfiniment.